• Sommaire :
Cet article a été écrit et illustré par : Gilbert Carrère, Annie Massy, Philippe Savouret
I - Lieux associés
a) Lieux haut-marnais principalement associés à Jean de Joinville
b) Autres lieux intéressants
II - Sa vie :
a) Enfance et formation
b) En croisade avec Louis IX
c) Retour au pays
d) Fin de vie
III - Son oeuvre :
a) Son principal intérêt
b) Extraits sur Joinville et la Champagne
c) Récit d'un miracle qui a compté dans la canonisation de Louis IX
d) Retour de croisade
IV - Pour aller plus loin:
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• I - Lieux associés : a) lieux principaux
Joinville :
- Le site (vestiges), au sommet de la colline surplombant la ville, du château d'En-Haut, disparu à la Révolution après la vente de cette collégiale comme bien national. Il avait été construit par Etienne de Neufchâteau, fondateur de cette seigneurie au XIe siècle. Dans une chapelle de l’église Saint-Laurent de ce château, Jean de Joinville avait fait élever un autel consacré à Saint Louis. Il y mourut en 1317 et y fut enterré dans la chapelle Saint Joseph. Une statue de bronze a été élevée en 1861 pour rappeler son souvenir
- La vieille ville : avec son dédale des ruelles étroites et ses maisons médiévales blotties contre la colline de l'ancien château féodal.
- L’auditoire avec l’évocation de Jena de Joinville
- Église Notre-Dame (XIIe – XIIIe siècle) et sa nef principale, un vitrail représentant Louis IX, le reliquaire, la ceinture "dite de Saint Joseph", exposée dans une chapelle latérale. Elle a été rapportée par Jean de Joinville, après son séjour en Egypte avec Louis IX. Il y avait rencontré Bohémond VI, prince d'Antioche et de Tripoli qui lui avait offert un fragment de la tête de Saint Etienne et la ceinture de Saint Joseph. La première est remise en 1309 aux chanoines de Châlons, la seconde aux chanoines de Saint-Laurent de Joinville.
- A l’intérieur du cimetière : la chapelle Sainte-Anne où sont enterrés les seigneurs et princes de Joinville, transportés là en 1792.
- Le fonds ancien à la mairie de Joinville avec une édition originale du texte de La Vie de Saint Louis
- Rue Aristide Briand : la statue et ses bas-reliefs
Clairvaux :
- l’église abbatiale où fut ensevelit Geoffroy III, sénéchal du comte Henri le Libéral, premier seigneur de Joinville à s’être illustré à la croisade. Sur le tombeau de son bisaïeul, Jean de Joinville fit mettre une épitaphe qu’il composa lui-même en 1311 pour retracer rapidement la généalogie des seigneurs de sa famille.
Blécourt :
- l’église : on pouvait encore voir des éléments des vitraux retraçant un « miracle » dont Jean de Joinville a été témoin pendant la septième croisade.
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• I - b) Autres lieux intéressants :
L’abbaye cistercienne de Cheminon, et l’abbaye bénédictine de Saint-Urbain où Jean de Joinville se rendit en pèlerinage avant de se croiser. Il avait rapporté de sa croisade l’écu de son oncle, Geoffroy V, mort au Krak des Chevaliers et l’avait placé dans cette chapelle.
Châteauvillain :
Jean 1er de Chateauvillain a accompagné Saint Louis dans sa septième croisade. Sa ville garde des rues médiévales et des vestiges de la porterie du château appelée « Tour de l’Auditoire » avec, à côté la « Cour de l’Auditoire », lieux d’expositions culturelles. Une fête médiévale y est organisée au mois de mai.
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• II - a) Biographie : enfance et formation
Fils de Simon de Joinville et de Béatrice d'Auxonne, Jean de Joinville appartient à une famille de la haute noblesse champenoise mais peu fortunée.
Il est né aux alentours du premier mai 1225. De sa jeunesse on ne sait pas grand chose sinon qu’il perd très tôt son père Simon et que sa mère exerce la régence en Champagne. La mort prématurée de son frère aîné Geoffroy vers 1232-1233 le met en possession de la seigneurie de Joinville ainsi que de la charge héréditaire de sénéchal de Champagne. Il atteint la majorité politique de quatorze ans (en 1239). Depuis 1230 il est fiancé à Alix de Grandpré et l’épouse en 1240. Il appartient à la cour de Thibaut IV, comte de Champagne où il se rend, à partir de 1241. Il reçoit une éducation de jeune noble : lecture, écriture, rudiments de latin. Il découvre des fastes inconnus. La fête à Saumur en Anjou pour célébrer l’adoubement du comte de Poitiers, le frère du roi, le marque particulièrement. C’est vraisemblablement à cette occasion qu’il voit Louis IX pour la première fois.
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• II - b) En croisade avec Louis IX :
Lorsque le roi Louis IX, après un vœu prononcé pendant une grave maladie, part en croisade en 1248, Jean de Joinville décide de le suivre. Il n’est encore qu’un jeune homme, âgé de 23 ans et laisse son épouse et deux enfants. Sans doute cherche-t-il à être digne de ses cinq aïeux qui sont déjà allés en Terre Sainte ? Il engage une partie de ses terres pour payer neuf chevaliers et louer une nef.
Jean de Joinville aborde les côtes d’Egypte le 4 juin 1248, avec les premiers croisés, devant Damiette. Etant chevalier, il participe aux combats devant Le Caire et en face de la forteresse de Mansourah. Son œuvre relate les épreuves qu’il partage avec les autres croisés : les gardes de nuit dans les camps ; les terribles feux-grégeois qu’il compare à des dragons enflammés traversant le ciel avant de venir mettre le feu au camp des croisés ; les blessures des chevaliers et les plaies si douloureuses qu’ils ne peuvent plus supporter le contact des hauberts.
Jean de Joinville est fait prisonnier avec le roi et d’autres chrétiens, au cours de la retraite qui suivit la défaite de Damiette en 1250. Le 6 mai ils sont libérés contre une rançon énorme et rejoignent la ville d’Acre.
Jean de Joinville pousse le roi à rester en Egypte. Comme il a perdu, en plus de sept de ses chevaliers, l'intégralité de son trésor, le roi de France lui verse deux mille livres de rente annuelle afin de le retenir à son service. En avril 1253, Jean prête « hommage lige » au roi de France « contre tous, à l'exception de la fidélité due aux comtes de Champagne et de Bar ». Il s’entoure de compagnons, Champenois pour la plupart, et reconstitue autour de lui un important corps de bataille. Le jeune seigneur, si modeste auparavant, mène désormais grande vie. Il devient l’intime du roi, conversant avec lui, l’accompagnant dans ses expéditions, partageant son existence. Louis IX s’occupe alors de fortifier les places fortes au pouvoir des chrétiens, en particulier Sidon, Jaffa et Acre. Jean de Joinville revient en France en même temps que lui en avril 1254 et les croisés accostent à Hyères le 13 juillet 1254. Sa croisade et son séjour en Egypte ont donc duré de 1248 à1254 : une expérience inoubliable qui alimente l’essentiel de son œuvre littéraire.
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• II - c) Retour au pays :
De retour en Champagne Jean de Joinville s’applique à réparer les misères causées par son absence. Il vit tour à tour à Paris et en Champagne. En 1261, après la mort de sa première épouse, il se marie avec Alix de Reynel dont il aura quatre fils. En 1268, le roi part à une nouvelle croisade : Joinville, malade, refuse de l’accompagner malgré de fortes pressions du roi et du comte de Champagne. Il déclare que ses vassaux ont trop souffert de la première expédition et que le roi est trop faible pour repartir. Jean de Joinville a raison puisque cette huitième croisade, désastreuse, voit la mort du roi à Tunis en 1270.
Ce que nous savons de Jean de Joinville est donc intimement lié à Louis IX même après la mort du roi. À partir de 1271, la papauté mène une longue enquête à son sujet, ce qui aboutit à sa canonisation, prononcée en 1297 par Boniface VIII. Comme Joinville a été l’intime du roi, son conseiller et son confident, son témoignage en 1282 est très précieux pour les enquêteurs ecclésiastiques. Jean de Joinville continue à servir le roi de France jusqu'à sa propre mort, d'autant plus que celui-ci est devenu son suzerain direct depuis le mariage de la reine Jeanne de Navarre avec Philippe le Bel (1284)
En novembre 1314 cependant, Joinville adhère à la ligue de Champagne constituée pour protester contre la politique fiscale et financière du roi de France. La noblesse obtint satisfaction l'année suivante sous le règne de Louis X le Hutin à qui est dédié le livre principal de l’œuvre de Jean de Joinville.
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• II - d) Fin de vie :
Jean de Joinville à soixante-dix-sept ans épouse en troisièmes noces Marguerite, fille d’Henri II, comte de Vaudrémont. Il meurt le 24 décembre 1317, âgé de plus de 93 ans, près de cinquante ans après le saint roi. Il est inhumé dans la chapelle Saint-Joseph de l'église Saint-Laurent du château de Joinville, dit « château d’en-haut » aujourd'hui détruit (ses restes sont transportés dans le cimetière de la ville à la Révolution). Ironie du sort et jeu des alliances, pour cet homme profondément attaché à sa Champagne natale : après sa mort, la maison de Joinville passe de la cour de Champagne à celle de Lorraine du fait de son dernier mariage et celui d’un de ses fils avec une nièce de sa troisième femme. Jean de Joinville a donc, pour descendant, Claude de Lorraine.
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• III - a) Oeuvre ; son principal intérêt :
On connaît deux œuvres de Jean de Joinville :
L’une est peu connue. Il s’agit d’un petit ouvrage d’édification qui atteste la profondeur de sa foi et sa culture religieuse ; Il a été composé à Acre pendant l’hiver de 1250-1251 après son retour de captivité, intitulé Li romans as ymages des poinz de nostre foi. C’est un commentaire du Credo dont il n’existe qu’un seul manuscrit orné d’un cycle iconographique de vingt-six miniatures.
L’autre, par contre a fait la gloire de son auteur :
Jehan de Joinville est le chroniqueur et biographe du roi saint Louis. Le livre des saintes paroles et des bons faiz nostre roy saint Looÿs n’est pas un ouvrage historique dans le sens contemporain du terme ; plutôt un recueil de souvenirs qui met en valeur les vertus de son bien-aimé roi Louis IX. La biographie tend parfois vers l’hagiographie, non sans une certaine naïveté. La simplicité et la sincérité des propos, le ton familier qu’il emploie pour évoquer des scènes quotidiennes ou pour faire surgir des souvenirs personnels, font le charme de ce livre. Joinville y relate tout particulièrement les années qu’il passa en Egypte pendant la septième croisade. Il y raconte aussi les anecdotes dont il a été témoin et n’hésite pas à se mettre lui-même en scène et exprimer son vécu. Il esquisse ainsi son propre portrait : très pieux mais non saint, avec un esprit curieux, de l’indépendance et du franc parler. Il se livre avec des accents humains et touchants. Son attachement profond pour son pays natal, le royaume de France bien sûr, mais surtout pour la Champagne, donne l’une des clefs de cette subjectivité : avec Jean de Joinville, l’histoire du royaume de France et de la croisade à laquelle il a participée, sont inséparables de l’histoire de la Champagne.
La composition de la Vie de saint Louis est complexe car le récit ne suit pas la chronologie des événements. Il est conçu comme un triptyque : une première partie évoque les premières années du règne tout en ajoutant des exemples et anecdotes sur le roi afin de démontrer sa sainteté ; dans la partie centrale sont racontés le séjour outre-mer, la croisade malheureuse qui aboutit à la perte de Damiette et le rôle joué par le roi dans le royaume de Jérusalem ; enfin dans une dernière partie, Jean de Joinville mêle le récit des dernières années de son règne, sa mort, sa canonisation et des témoignages édifiants. Ainsi l’auteur de la Vie de saint Louis construit-il une image superbe de la sainteté du roi.
L’ouvrage a été composé par le sénéchal de Champagne à la fin de sa vie, à la demande de Jeanne de Navarre, reine de France, vers 1303. Mais elle meurt en 1305 avant que le livre soit achevé. Il est donc dédicacé à son fils, le futur Louis le Hutin en octobre 1309 et prend une dimension didactique : Jean de Joinville propose en exemple le récit du règne et de la vie de Louis IX à ses successeurs.
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• III - b) Extraits sur Joinville et la Champagne :
Le récit de Jean de Joinville ne prend pas de recul objectif. C’est dans ses perpétuelles digressions que l’on peut trouver des allusions à sa ville et ses environs.
Son départ pour la croisade :
« L’abbé de Cheminon me donna m'escharpe et mon bourdon ; et lors je me partis de Joinville, sans rentrer au chastel jusques à ma revenue, à pié, deschaus et en langes ; et ainsi alai à Blehecourt et à Saint-Urbain, et autres cors sains qui là sont. Et endementieres que je aloie à Blehecourt et à Saint-Urbain, je ne voz onques retourner mes yeus vers Joinville, pour ce que li cuers ne me attendrisist du biau chastel que je lessoie et de mes deus enfans. »
Traduction depuis « et lors je me partis.. » :
« Et alors je partis de Joinville, sans rentrer au château jusqu’à mon retour, à pied, sans chausses et la laine sur le corps, et j’allai ainsi en pèlerinage à Blécourt et à Saint-Urbain et aux autres corps de saints qui se trouvent là. Et tandis que j’allai à Blécourt et à Saint-Urbain, je ne voulus jamais retourner mes yeux vers Joinville, de peur que mon cœur ne s’attendrisse sur le beau Château que je laissais et sur mes deux enfants. » (§ 122).
Jean de Joinville cite le courage des chevaliers de Champagne :
« Entre les chevaliers que mes sires Jehans de Valenciennes ramena, je en y trouvai bien quarante de la court de Champaingne. Je leur fiz taillier cotes et hargaus de vert, et les menai devant le roy, et li priai que il leur vousist tant faire que il demourassent avec li. Li roy oï que il demandoient, et il se tut. Et uns chevaliers de son conseil dist que je ne fesoie pas bien quant je aportoie teles nouvelles au roy, là où il avoit bien sept mille livrées d'outraige. Et je li dis que par male avanture en peust-il parler, et que entre nous de Champaingne avions bien perdu trente-cinq chevaliers, touz banière portans, de la court de Champaingne » (§ 92)
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@copyright : photo : Philippe Brocard • III - c) Récit d’un miracle ayant compté pour la canonisation de Louis IX :
Jehan de Joinville relate le sauvetage de l’écuyer du sire Dragonès, riche homme de Provence. Tombé du navire de son maître en pleine mer, alors que les bateaux reviennent vers les côtes de Provence, il s’en remet à la Vierge Marie et, sans rien faire, il est recueilli par la galère royale qui se trouvait à plusieurs kilomètres de là. Jehan de Joinville y voit un miracle de Notre-Dame et décide de le faire peindre en sa chapelle de Joinville et les verrières de Blécourt.
"Une autre avanture nous avint en mer ; car messires Dragonès, uns riches hom de Provence, dormoit la matinée en sa nef, qui bien estoit une lieue devant la notre, et appela un sien escuier et li dist : « Va estouper ce pertuis ; car li solaus me fiert ou visaige. » Cil vit que il ne pooit estouper le pertuis se il n’issoit de la nef : de la nef issi. Tandis que il aloit le pertuis estouper, li piés li failli et il chéi en l’yaue ne metoit nul consoil en li.
Une des galies le roy le queilli et l’aporta en nostre nef, la ou il nous conta comment ce li estoit avenu. Je li demandai comment ce estoit que il ne metait consoil en li garantir, ne par noer ne par autre maniere. Il me respondi que il n’estoit nul mestier ne besoing que il meist conseil en li ; car si tost comme il commença a cheoir, il se commanda a Nostre-Dame, et elle le soustint par les espaules dès que il chéi, jusques a tant que la galie le roy le requeilli.
En l’onnour de ce miracle, je l’ai fait peindre a Joinville en ma chapelle, et es verrieres de Blehecourt." (§ 129)
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• III - d) Retour de croisade :
Jean de Joinvillel raconte ses difficultés pour reprendre en main l’administration de la Champagne dans la dernière partie de la Vie de saint Louis : il y multiplie les allusions à toutes les affaires champenoises, évoquant ses différends avec les abbayes, en particulier avec celle de Saint-Urbain à propos de la garde qu’il voulait exercer.
Il explique son refus de participer à la huitième croisade par la nécessité de s’occuper de ses terres :
« Je fu mout pressez du roy de France et du roy de Navarre de moy croisier. A ce respondi-je que, tandis comme je avoie esté au servise Dieu et le roy outre mer, et puis que je en reving, li serjant au roy de France et le roy de Navarre m'avoient destruite ma gent et apovroiee, si que il ne seroit jamais heure que je et il n'en vausissent piz. Et leur disoie ainsi, que se je en vouloie ouvrer au gré Dieu, que je demourroie ci pour mon peuple aidier et deffendre; car se je metoie mon cors en l'aventure du pelerinaige de la croiz, là où je veoie tout cler que ce seroit au mal et au dommaige de ma gent, j'en courouceroie Dieu, qui mist son cors pour son peuple sauver.
Je entendi que tuit cil firent pechié mortel qui li loèrent l'alée, pour ce que au point que il estoit en France, touz li royaumes estoit en bone paiz en li meismes et à touz ses voisins; ne onques puis que il en parti, li estaz du royaume ne fist que empirier. Grant pechié firent cil qui loèrent l'alée, à la grant flebesce où ses cors estoit; car il ne povoit souffrir ne le charier, ne le chevauchier. La flebesce de li estot si grans, que il souffri que je le portasse dès l'ostel au comte d'Ausserre, là où je pris congié de li, jusques aus Cordeliers, entre mes bras. Et si febles comme il estoit, se il fust demeurez en France, peust-il encore avoir vescu assez, et fait mout de biens et de bonnes œuvres. » (§ 144)
Traduction (partielle) :
« Je leur disais ainsi que, si je voulais œuvre selon la volonté de Dieu, je resterais ici pour aider mon peuple et le défendre ; si j’exposais ma personne aux hasards du pèlerinage de la croix, quand je voyais bien clairement que ce serait au mal et au détriment de mes hommes, j’en susciterais la colère de Dieu, qui exposa son corps pour sauver son peuple. »
Jean de Joinville n’en conserve pas moins le souvenir du roi qu’il a tant aimé. Quelques années après la mort de Louis IX, Jean de Joinville, alors âgé et éloigné de la cour, a pendant son sommeil une vision, celle du roi devant sa chapelle de Joinville, lui demandant de l’accueillir dans ce lieu de prière
« Encore vueil-je ci-après dire de nostre saint roy aucunes choses qui seront à l'onnour de li, que je vis de li en mon dormant: c'est à savoir que il me sembloit en mon songe que je le véoie devant ma chapelle à Joinville; et estoit, si comme il me sembloit, merveillousement liez et aises de cuer; et je-meismes estoie mout aises pour ce que je le véoie en mon chastel, et li disoie: «Sire, quant vous partirés de ci, je vous herbergerai à une moie maison qui siet en une moie ville qui a non Chevillon.» Et il me respondi en riant, et me dist: «Sire de Joinville, je ne bé mie si tost à partir de ci.»
Quant je me esveillai, si m'apensai; et me sembloit que il plaisoit à Dieu et à li que je le herberjasse en ma chapelle, et je si ai fait; car je li ai establi un autel à l'onnour de Dieu et de li, là où l'on chantera à tousjours mais en l'honnour de li; et y a rente perpetuellement establie pour ce faire. Et ces choses ai-je ramentues à monsignour le roy Looys, qui est heritiers de son non; et me semble que il fera le gré Dieu et le gré nostre saint roy Looys, s'i pourchassoit des reliques le vrai cors saint, et les envoioit à ladite chapelle de Saint Lorans à Joinville, par quoy cil qui venront à son autel que il y eussent plus grant devocion. » (§148, dernier chapitre avant la conclusion)
Traduction partielle :
« Il me semblait en mon songe que je le voyais dans ma chapelle à Joinville ; et il était extraordinairement joyeux et allègre de cœur ; et moi-même j’étais bien aise parce que je le voyais dans mon château et je lui disais : « Sire, quand vous partirez d’ici, je vous hébergerai dans une autre maison à moi qui se trouve dans une ville qui m’appartient, qui s’appelle Chevillon. » Et il me répondit en riant et me dit : « Sire de Joinville, par la foi que je vous dois, je ne désire pas sitôt partir d’ici. »
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• IV - Pour aller plus loin
- auditoire de Joinville
- médiathèque de Joinville : biblio.joinville2@orange.fr
- Enluminures :
Les bibliothèques de Chaumont et Langres gardent des fonds d’incunables et de livres enluminés qui sont exposés à certaines occasions. On peut aussi les consulter librement sur internet.
Pour Langres :
http://www.numerique.culture.fr/mpf/pub-fr/document.html?id=FR-DC-B522696201_001&base=dcollection&hppage=10&totaldocs=75&pagename=resul
Pour Chaumont :
http://www.culture.gouv.fr/documentation/enlumine/fr/BM/chaumont.htm
Plus d'information : >> site de l'auditoire de Joinville : cliquez ici
>> enluminures de Chaumont, cliquez ici :
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Des auteurs de l'AHME ont écrit sur Jean de Joinville et son époque :
François Membre dans son :" Armorial et généalogie des seigneurs et des princes de Joinville et autres Joinvillois", éditions de Varly,(2012) ISBN 978-2-8228-0013-6
Dans la conférence d'Annie Massy sur les auteurs haut-marnais en lien avec l'Angleterre, on trouve des précisions sur la descendance royale de Jean de Joinville (pour aller directement sur cette page, cliquez ci-dessous)
Plus d'information : >> Jean de Joinville et les rois britanniques : cliquez ici
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Liste d'oeuvres :
Symphonie Héraldique pour la Haute-Marne
Haute-Marne, Reflets d'Eternité
Harmonies Haut-Marnaises
52 Ecrivains Haut-Marnais de Jehan de Joinville à Jean Robinet
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