Yvon RÉGIN (1926 – 2001)

Lieux haut-marnais associés :

Marnaval : lieu de naissance le Marnaval le 3 avril 1926

Chaumont : École Normale

Vallerest puis Rachecourt-sur-Blaise et enfin Chamouilley : instituteur

        Sous l’impulsion de l’Association des Ecrivains de Haute-Marne, depuis début 2002, le groupe scolaire de Chamouilley, porte son nom

I – Biographie

    Homme de lettres et d’honneur, il était aussi humoristique qu’il pouvait être de confiance. Issu d’un milieur ouvrier, Yvon Rgin était un homme sans prétention, aux goûts simples, aimant particulièrement la nature, la pêche, la chasse, le jardinage. Il fut pourtant un élève brillant « le plus jeune de sa promotion à l’Ecole Normale » de Chaumont dont il sortit pour prendre un poste d’instituteur à Vallerest, puis ensuite à Rachecourt-sur-Blaise, et enfin en 1959 à Chamouilley qu’il quittera en 1981, pour goûter une retraite bien méritée.

     Son métier, il l’aimait passionnément, il l’accomplissait avec ferveur, ajoutant à ses qualités de pédagogue, son amour de la musique qu’il transmettait à tous. Jouant de tous les instruments à vent – il a accompli son service militaire dans la musique du 151ème régiment d’infanterie – ce fut pour lui un crève- cœur que de devoir abandonner ce penchant, lorsqu’en 1993 il perdit l’usage de la parole, suite à un cancer.

     Doué pour la musique, doué pour le dessin, doué pour l’écriture – ses écrits reçurent plusieurs fois la 1ère mention du prix littéraire du Conseil Général de Haute-Marne, comme aussi la palme d’or de l’Académie du disque de poésie – Yvon Régin l’était également pour servir les autres, puisque durant toute son existence il a occupé le secrétariat de mairie dans les différents villages où il était en poste. Il fut l’un des fondateurs de l’Association des Ecrivain de Haute-Marne, il en fut le secrétaire durant dix années, jusqu’à ce que la maladie le contraigne à céder la place. Il restera cependant jusqu’à ses derniers jours un des plus fameux animateurs des réunions de cette assemblée, ses mots d’esprit circulant sur de petits papiers et mettant en joie l’ensemble des participants.

     Mais son plus grand bonheur il le trouvait auprès de sa famille. Ayant épousé Marie-Josée, une jeune fille d’Eurville, ils eurent la joie d’être rapidement entourés de six enfants : Jean-Luc, Pascal, Olivier, Raphaël, Christelle et Florence. Quant à ses petits enfants, il leur a dédié un de ses ouvrages :

   « C’est pour vous : Céline, Estelle, Emmanuel, Nicolas, Marie, Lucile, Simon, Marion, Jean-Baptiste, Julien et Pierre-Olivier, mes petits enfants, que j’ai rassemblé dans ce petit lexique les mots, expressions et tournures qu’on employait naguère et qu’on emploie encore dans le Vallage, le Perthois et le Sud-Barrois, à la campagne, dans les villages ouvriers, dans nos petites villes, dans la forêt, au bord de nos rivières, à la maison, à l’école et au cours des jeux. » peut-être juste histoire de « feûgner » dans ces « Mots et expressions d’hier et d’aujourd’hui » et de perpétuer la mémoire. 

     « Notre cher ami Yvon Régin à l’oeuvre considérable a fait l’objet d’une magnifique expo quelques années durant le  » lire en fête » de Saint-Dizier, et dont le nom (suite à notre demande) s’étale au fronton de l’école de Chamouilley » Gil Melison-Lepage, Présidente d’honneur de l’AHME.

II – Son œuvre littéraire

     Écrivain de la condition ouvrière : son père était contremaitre à la fonderie de Marnaval et Yvon Régin a conservé dans ses récits la mémoire de ses origines. Il s’inspire de ses souvenirs, les us et coutumes et les expressions du passé.

        » C’est une sorte d’anthologie du passé « la première communion chez les ouvriers, c’est surtout dans les repas que ça se tient. Comme on n’a pas les moyens de manger des choses qui sortent de l’ordinaire, on estime qu’on aura fait un bon repas si on a beaucoup mangé et bien bu. L’Irma, de ce côté-là, est au courant des usages. Après la messe, pendant que les hommes sont à l’apéritif chez le Louis Rigaud et que les enfants épouvantent les vieux du quartier avec leurs pétards, les femmes, qui ont retiré le chapeau et le manteau, et mis un tablier, mettent la dernière main à la table….  » Yvon Lallemand

     Même privé de voix ses dernières années, il n’en finissait pas de communiquer en société comme en particulier, face à ses feuillets qu’ils remplissaient de ses souvenirs.

« Pas de documentation : mes souvenirs de jeunesse dans le monde ouvrier ont suffi. J’avais promis aux anciens d’arranger ça, pour que ça ne se perde pas » confiait-il au mois de juin, à l’occasion de la parution de son dernier livre, La Côte Aux Chats. Il voulait « payer une partie de ma dette envers le monde ouvrier et l’école publique ». Il l’a rendue au centuple, leur laissant des romans, des souvenirs et des contes qui en reconstituent la vie et l’âme. A tous et en particulier aux Ecrivains de Haute-Marne dont il était d’ailleurs le trésorier, il laisse le souvenir d’un homme d’une joie intarissable, comme ces histoires qu’il savait si bien raconter, « ces histoires, disait-il, qu’on se racontait dans le monde ouvrier. Le rire qu’on partageait (comme le vin et le tabac) permettait à l’homme de s’évader pour un temps, en oubliant sa dépendance à l’usine. »


    

Œuvres parues aux éditions du Barrois :


Croquis Haut-Marnais 1965
Les Automnales, 1972
40 à l’Ombre, 1974
Le Temps des Grenouilles, 1976
Des Lauriers sous les Chênes, 1979
Les Mémoires d’un Mille-Pattes, 1982
La Catastrophe de Marnaval, 1983


Aux Editions Regain : Les Bragardes, 1969

Aux Editions Guéniot :

Mots et Expression d’hier et d’Aujourd’hui, 1992
Les Battitudes, 1995
La Côte Aux Chats, 2001

La Côte aux Chats : Marseille, même à vol d’oiseau, est pourtant bien assez éloigné de la Haute-Marne. Certes !! Mais fi donc de la géographie car si la sardine a bouché le port, à Marnaval et ses alentours, n’y a-t-il pas des carpes qui sautent sur la berge pour mieux se faire attraper, des lapins géants et… des oies mangeuses d’êtres humains ? J’en passe et des meilleurs ! À travers ces anecdotes, ne cherchez pas la logique car tout un chacun sait bien que les histoires de bistrot, brodées au fil du temps, sont exemptes de toute logique cartésienne.