BEAUVOIR Simone (1908 – 1986)

                       Sommaire

I – Lieux associés
II – Simone de Beauvoir : une auteure engagée
III – Simone de Beauvoir par elle-même
IV – Simone de Beauvoir et Chateauvillain
V – Et encore…

• I – Lieux associés

I – Chateauvillain :

      « La maison de Tante Germaine » n’appartient plus à la famille de la philosophe écrivaine mais on peut encore la voir de l’extérieur (avec l’autorisation de ses habitants)

 • II – Simone de Beauvoir, une auteure engagée

      Romancière et essayiste, Simone Lucie Ernestine Marie Bertrand de Beauvoir, est née le 9 janvier 1908 à Paris où elle meurt le 14 avril 1986. Simone de Beauvoir est la fille de Georges de Beauvoir, éphémère avocat et comédien amateur, et de Françoise Brasseur, jeune femme issue de la petite bourgeoisie originaire de Châteauvillain.
     Simone de Beauvoir est d’abord une « jeune fille rangée », comme elle se décrit elle-même. Pourtant dès l’âge de quinze ans, son choix est fait : elle sera écrivaine et célèbre !
      Après avoir décroché les licences de littérature, grec, latin, philosophie, mathématiques… elle entre à la Sorbonne pour poursuivre des études de philosophie. C’est là qu’elle rencontre Jean-Paul Sartre. Ils obtiennent ensemble l’agrégation de philosophie (Jean-Paul Sartre arrivant premier et Simone de Beauvoir deuxième). Dès lors une relation quasi mythique se nouera entre eux, une relation faite de partage intellectuel. Elle sera son « amour nécessaire », en opposition aux «amours contingentes» qu’ils seront amenés à connaître chacun de leur côté. Leur histoire unique marquera leur époque. Avec lui, elle met en pratique un certain nombre des principes qui fondent sa conception de la femme et du couple, puisqu’ils ne se marièrent jamais et ne vécurent pas sous le même toit. Qualifiée malgré tout de «femme de », c’est elle qui deviendra la figure de proue du combat féministe du XXe siècle en bousculant les préceptes d’une condition féminine trop étriquée à ses yeux.
     En 1949, Simone de Beauvoir scandalise la haute société avec son ouvrage Le deuxième Sexe. Affirmant « On ne naît pas femme on le devient », elle développe un précepte qui définira le socle des premiers mouvements féministes. Quelques années plus tard, Simone de Beauvoir, considérée comme auteure engagée, sera à l’origine du Manifeste des 343, un texte en faveur du droit à l’avortement. Avec l’avocate Gisèle Halimi, elle fondera le mouvement « Choisir » dont le rôle a été déterminant pour la légalisation de l’interruption volontaire de grossesse.

 • III – Simone de Beauvoir par elle-même


   « On a forgé de moi deux images. Je suis une folle, une demi-folle, une excentrique […] J’ai les mœurs les plus dissolues ; une communiste racontait, en 45, qu’à Rouen, dans ma jeunesse, on m’avait vue danser nue sur des tonneaux ; j’ai pratiqué tous les vices avec assiduité, ma vie est un carnaval, etc. » (La force des Choses)
     « Souliers plats, chignon tiré, je suis une cheftaine, une dame patronnesse, une institutrice (au sens péjoratif que la droite donne à ce mot). Je passe mon existence dans les livres et devant ma table de travail, pur cerveau. […] Rien n’interdit de concilier les deux portraits. […] L’essentiel est de me présenter comme une anormale. » (La force des Choses)
     » Économiquement je suis une privilégiée. Certains censeurs me reprochent cette aisance : des gens de droite, bien entendu ; jamais à gauche on ne fait grief de sa fortune à un homme de gauche, fût-il milliardaire ; on lui sait gré d’être de gauche. L’idéologie marxiste n’a rien à voir avec la morale évangélique, elle ne réclame à l’individu ni ascèse, ni dénuement : à vrai dire, elle se fout de sa vie privée. » (La force des Choses)

 • IV – Simone de Beauvoir et Chateauvillain

     Lucie Morel, la grand-mère de Simone de Beauvoir est née à Chateauvillain (en 1857). Enfant, Simone de Beauvoir venait en vacances à Chateauvillain où elle retrouvait des membres de sa famille maternelle.

    Dans Mémoire d’une jeune fille rangée, Simone de Beauvoir, parlant de sa Tante Lili, explique :
     « Un de mes plus lointains et de mes plus plaisants souvenirs, c’est un séjour que je fis avec elle à Châteauvillain, en Haute-Marne, chez une sœur de bonne maman. Ayant perdu depuis longtemps fille et mari, la vielle tante Alice croupissait seule et sourde, dans une grande bâtisse entourée d’un jardin ».

      « Une porte monumentale s’ouvrait sur un parc dans lequel couraient des daims ; des églantines s’enroulaient à une tour en pierre ».

    « J’aimais, dans le jardin de ma tante Alice, les ifs bien taillés, la pieuse odeur du buis, et sous une charmille un objet aussi délicieusement équivoque qu’une montre en viande : un rocher qui était un meuble, une table en pierre ».

    « À la fin de ma seconde, j’avais quinze ans et demi, j’allai avec mes parents passer les vacances du 14 juillet à Châteauvillain. Tante Alice était morte ; nous logions chez tante Germaine, la mère de Titite et de Jacques. Le soir de mon arrivée, nous allâmes Titite et moi, après le dîner, faire un tour dans le « Mail » qui attenait au jardin.
    Jacques arriva le lendemain rayonnant de suffisance. Il m’emmena sur le court de tennis, me proposa d’échanger quelques balles, m’écrasa, et s’excusa avec désinvolture de m’avoir utilisée comme « punching-ball ». Je ne l’intéressais pas beaucoup, je le savais. Cependant, son dédain glissa sur moi : pas un instant je ne déplorai ma maladresse au jeu, ni la coupe rudimentaire de ma robe de pongé rose. Je valais mieux que les étudiantes policées que Jacques me préférait et lui-même s’en apercevrait un jour »

 • V – Et encore…

       « La petite ville, avec ses rues étroites, ses maisons basses, avait l’air copiée sur un de mes livres d’images ; les volets percés de trèfles et de cœur, s’accrochaient aux murs par des crampons qui figuraient de petits personnages : les heurtoirs étaient des mains ».