Thierry BEINSTINGEL

                                                          (Né en 1958)

Biographie

     Né à Langres en 1958, Thierry Beinstingel a rejoint en 1999 l’Association des Écrivains de Haute-Marne, alors dirigée par Yvon Lallemand. Il en a été secrétaire pendant quelques années et a activement participé à l’édition du livre 52 écrivains de Haute-Marne (Dominique Guéniot, 2003).

                                               

        Il a publié depuis 2000 une quinzaine de livres, édités pour la plupart chez Fayard.

        Il a reçu plusieurs prix littéraires et a été deux fois finaliste du prestigieux Prix Goncourt.

                                                   
     Ses romans sur le monde du travail font l’objet de nombreuses études et thèses universitaires en France, au Royaume-Uni, en Italie, en Suisse, au Canada et en Egypte. En parallèle de son travail et de son écriture, Thierry Beinstingel a repris des études de Lettres.

     Depuis 2017, il est Docteur en littérature française et membre d’honneur de l’Association haut-marne d’écrivains (anciennement Associations des écrivains de Haute-Marne) depuis 2014.

Une adaptation cinématographique

L'Homme debout

L'Homme debout

      Le roman Ils désertent a été adapté au cinéma sous le titre L’homme Debout, film de Florence Vignon avec Jacques Gamblin et Zita Hanrot, 2023.

      Présentation sur Allo Ciné

     Critique d’une spectatrice :

  « Amateurs de poursuites effrénées et de comédies sentimentales s’abstenir : il s’agit d’une œuvre qui s’adresse tout à la fois à l’émotion et à la réflexion, ce qu’on appelle peut-être « un film d’auteur » même si l’affiche annonce « comédie sociale ». C’est tendre et dur à la fois, poétique aussi. On y suit le double parcours d’un vieux VRP qui s’accroche à son emploi et d’une jeune DRH qui doit le pousser à la faute pour le licencier et décrocher un CDI. Mais en dépit des circonstances, un lien d’estime et d’amitié se noue entre eux et qui leur permet de « rester debout ».

      C’est, comme tous les livres de Thierry Beinstingel, une réflexion sur le caractère vampirisant et déshumanisant du travail. Dans une optique marxiste des années 1980, le travail est vu comme un esclavage qui vise à avilir l’employé. Il lui retire tout ce qui peut en faire un être sensible : la famille, le temps pour soi, l’éthique, la dignité et l’estime personnelle. Le travailleur n’est plus qu’un « prolétaire » autrement dit celui qui ne possède que sa force de travail et qui ne vaut plus rien lorsqu’il la perd. Comme dans une dictature (références nombreuses à celle de Pinochet au Chili), c’est un système qui broie l’individu, comme le « Voreux » du Germinal de Zola, transformé en monstre mythologique qui dévore les mineurs. Face à elle, il faut se soumettre ou résister, au péril de sa vie. Le modèle du résistant c’est le vieux VRP et la jeune DRH doit choisir entre l’évasion ou la collaboration.

      Le risque dans cette optique, est de tomber dans la caricature. La réalisatrice et scénariste Florence Vignon a réussi à éviter l’écueil. Néanmoins, le patron en effet, petit homme aux formes arrondies et au visage poupin (il me rappelle le physique du sinistre trafiquant El Chapo, autre allusion à l’Amérique latine), porte une petite moustache, symbole d’un autre monstre. Il est bourré de tocs et ne juge que sur les apparences, voulant être obéi sans hésitation. Lui aussi à sa façon, a été détruit par le travail qui l’a réduit en robot, hermétique à tous sentiments et qui n’en tirera pas la promotion escomptée.

     Cette vision un peu passéiste du travail est toutefois nuancée par des pistes ouvertes vers de nouvelles formes de rapports patron/ouvrier : l’ancien employé qui a monté son autoentreprise de vente par internet, le PDG lucide qui préfère la pêche au golf… Il est vrai qu’à l’époque des starts up, des micro-entreprises (avec un risque d’une nouvelle forme d’esclavage), du développement du numérique et du chômage en baisse au point que ce sont les patrons actuellement qui ont du mal à recruter, les cartes tendent à être rebattues. Néanmoins, beaucoup ont connu ce type de patrons et ont eu à s’y opposer.

     Quelques mots aussi sur l’adaptation cinématographique. J’ai lu le livre il y a quelques années et n’ai pas été déçue. Changer le lieu donne au récit une portée plus atemporelle et universelle. Le titre retenu, « l’Homme debout », me semble mieux coller au sujet que « Ils désertent » même si on perd le jeu de mots avec « Ile déserte », à condition bien sûr de ne pas oublier la majuscule car « Homme » ici désigne aussi un modèle, valable pour le vieux VRP comme pour la jeune femme DRH. Néanmoins, dans ce contexte, Rimbaud souvent cité dans le livre et évoqué dans le film, perd de son relief, remplacé par… la poétique du vin ! Pourquoi pas ? Cela passe très bien à l’écran !

      En conclusion : un film à voir et surtout à méditer. J’espère qu’il connaitra le succès qu’il mérite. »

Annie Massy

Ses Œuvres

La Réserve, Éditions Dominique Guéniot, 2000 ; réédition augmentée en 2021 par Liralest.

Central, Éditions Fayard, 2000.

Composants, Éditions Fayard, 2002.
Mention spéciale du jury 2002 Prix Wepler-Fondation la Poste

Paysage et Portrait en pied-de-poule, Éditions Fayard, 2004.

1937 Paris-Guernica, Éditions Maren Sell, 2007.

CV Roman, Éditions Fayard, 2007.

Bestiaire domestique, Éditions Fayard, 2009.

Retour aux mots sauvages, Éditions Fayard, 2010 + Le livre de poche.
Sélection au prix Goncourt

Ils désertent, Éditions Fayard, 2012 + Le livre de poche.
Sélection au prix Goncourt
Prix Eugène Dabit du roman populiste 2012
Prix Jean Amila-Meckert 2013
Adaptation cinématographique sous le titre L’homme Debout, film de Florence Vignon avec Jacques Gamblin et Zita Hanrot, 2023.

Faux Nègres, Éditions Fayard, 2014 + Le livre de poche.

Journal de la canicule, Éditions Fayard, 2015 + Le livre de poche.

Vie prolongée d’Arthur Rimbaud, Éditions Fayard, 2016 + Le livre de poche.

Il se pourrait qu’un jour je disparaisse sans trace, Éditions Fayard, 2019.

Yougoslave, Paris, Éditions Fayard, 2020 + Le livre de poche.

Dernier travail, éditions Fayard, 2022.
Prix de la Feuille d’or de Nancy 2022

Photo : Thierry Beinstingel, au lycée Oudinot de Chaumont est venu présenté une de ses nouvelles devant un jeune public conquis. La séance se termine par des dédicaces et l’auteur réussit à en faire une différente et personnelle, pour chacun de ses lecteurs ravis.