Colin MUSET, trouvère, né vers 1210

       Les trouvères sont des poètes, musiciens et jongleurs (= poète chantant en s’accompagnant d’une vielle) de la France du Nord. Ils s’exprimaient en langue d’oïl et non en latin. Ils distrayaient le roi et les seigneurs en chantant des poèmes à leur cour. Ils apparaissent vers la fin du XIe siècle et leur apogée se situe au XIIe siècle.

         L’histoire littéraire a retenu les noms de deux-cents trouvères dont celui de Colin Muset. On connait peu de leur vie, sinon ce qu’ils en disent dans leurs chansons qui nous sont restées : Rutebœuf par exemple se plaint de sa condition misérable pour réclamer une aide du son protecteur.

      Colin Muset serait né vers 1210 au sud de la Champagne si on se fie aux noms qui apparaissent dans ses poèmes : Châteauvillain, Choiseul, Clefmont, Reynel, Sailly, Vignory… La région est alors frontalière de la Lorraine : elle compte donc de nombreuses forteresses et tout autant de lieux où l’artiste peut montrer son talent, distraire les seigneurs… et gagner sa vie.

« Droit à Choisuel vuil mon chemin tenir

Et a Soilli par Clermont ressortir

Si lor ferai de mon joel present

Que trop m’est bel de lor amendement »

       On n’est pas sûr que « Muset » soit son nom d’origine. Il est plus vraisemblable que ce soit un pseudonyme à rapprocher du verbe « muser » (se distraire) et de « musette » (cornemuse).

       Il n’était pas attaché à une cour particulière si bien que l’on retrouve sa trace dans des endroits plus lointains : en Lorraine à la cour du comte de Vaudrémont, en Bourgogne (où il est connu sous le nom de « trouvère Sainte-Seine) et en Flandre avec la famille Dampierre de Saint-Dizier. On trouve même dans son œuvre Sir Cuens j’ai viélé une critique remarquable de la noblesse du XIIIe siècle.

     Les œuvres qui nous sont parvenues de lui évoquent les plaisirs et les difficultés de la vie quotidienne, son métier, ses voyages, les amours, la bonne chère, les saisons, sa femme et le rêve d’un monde meilleur. Il serait donc marié et vivrait en famille allant d’une cour à une autre.

      « Épicurien impénitent, parasite effronté et sans scupule, mais esprit d’une fantaisie délicieuse, d’une désinvolture aimable, impertinente et juvénile, il sut se libérer du formalisme stérile dans laquelle la poésie courtoise se desséchait et suivre sa propre voie. » Guy Muraille et Françoise Fery-Hue, in Dictionnaire des Lettres Françaises -Le Moyen Âge – Fayard, 1994.

      Ses chansons figurent parmi les plus belles pièces poétiques de ce que l’on a appelé le lyrisme bourgeois du XIIIe siècle. On connaît de lui une vingtaine de textes, dont certains sont accompagnés de musique (néanmoins, il n’est pas aisé de relier avec certitude une œuvre et son auteur à cette époque car une création passe facilement d’un artiste à un autre.) Notons : Devers Chastelvilain puisqu’un lieu haut-marnais y est cité.