DEMOULIN Henriette (novembre 1920 – juillet 2021)

   A l’âge de 90 ans se voir figurer sur Internet suscite des émotions allergiques, voire urticantes.
   Je suis née le 02/11/1920 à la ferme de la Salle-Auberive en Haute-Marne. Il est manifeste que l’état du sol ne nous appartient pas, mais cette terre m’a fabriquée avec ses mots à elle, me donnant le parfum de son humus, m’inculquant sa vérité.
   Je suis l’aînée d’une fratrie, je n’ai pas pu suivre d’études secondaires, néanmoins, j’avais en moi les mots qui tintaient dans ma tête comme la musique des chevaux de bois. La vie fut mon école, vivre avec le ressenti, le sens des autres fut mon oxygène : regard, écoute, partage. Là, j’ai tout appris.
   J’ai épousé un garçon habitant le village voisin, nous avions le même clocher. Mon mari fut appelé à la guerre en 40, puis retenu prisonnier en stalag allemand. A son retour de captivité, il est rentré à la SNCF et nous avons été vivre à Dijon jusqu’à la retraite; hélas il est décédé en 1983. Nous avons eu deux fils. Mamie et grand-mamie, cette ronde d’enfants est ma raison de vivre. Vieillesse et sagesse obligent, depuis 2009 je vis dans une maison de retraite SNCF à Santenay au coeur du vignoble bourguignon. Un établissement où tout fonctionne au mieux avec un personnel hors pair. A ceci s’ajoute un décor, un cadre de vie, un grand parc, un Crédo.

Ses Œuvres

  1) « Les Nuances de la Nuit « :

   J’ai commencé à l’écrire en 1950 pour le placer dans les valises de l’oubli. Puis la chance aidant, j’ai rencontré Elisabeth issue de parents fronclois, enseignante, écrivaine à Londres ; elle m’a incitée à publier ces lignes. J’ai eu l’opportunité de rencontrer Monique et Christian Cardot (voir leurs pages sur ce site) eux-mêmes fronclois et qui avaient tari les encriers pour faire vivre l’histoire, le vécu de la vie sociale au village à l’époque où l’usine Citroën faisait vivre le cœur de leur cité haut-marnaise : de la « vraie » histoire !
   Puis, à travers tous ces méandres, j’ai rencontré J.F. Mouriot directeur des éditions du Banc d’Arguin à Paris. Aux Verdaines SNCF, ont été lancées en 2010 « Les Nuances de la Nuit ». J’avais 90 ans. Beaucoup de joies et d’efforts non dits.

2) Les Trois Pas :

   Ensuite, j’ai repris la fièvre du stylo, j’ai écrit des mots et encore des mots :  » Les trois pas « . Un récit peint, couleur locale dans l’Angélus d’un âge avancé qui s’écoule dans le remous des heures empilées de notre vie.
   Je ne suis pas Zola, ni académicienne, et disserte avec des mots simples la sensibilité de mon ressenti, tramant l’image de la vie des aînés, l’effort et le courage de chacun dans le cadre de sa propre histoire. Ma littérature de bergère se récite comme à l’école primaire.
   90 ans après, ma terre natale m’accueille pour la sortie de ce livre  » Les trois pas  » (en cours d’édition). Le retour aux sources : un regard sur les racines blanches des fleurs jaunes qui ornaient nos prairies.