Geneviève NOIRVACHE (1923 – 2016)

Conteuse

Membre d’Honneur de l’AHME

Sommaire :

 I – Lieu Associé

II – Biographie

III – Geneviève Noirvache par elle-même

IV – Hommages

V –  Son œuvre

 I – Lieu associé

Attencourt (près de Saint-Dizier) :

Geneviève et son mari sont venus y passer leur retraite.

Photo ci-contre : Geneviève Noirvache à Saint-Dizier au salon du livre et de la culture, 7 décembre 2014 ;  c’est la dernière fois qu’elle a pu participer à une manifestation de l’AHME.

 

II – Biographie

Geneviève, trésorière de l'Association des écrivains de Haute-Marne, à gauche, lors de l'assemblée générale de 2005

Geneviève, trésorière de l'Association des écrivains de Haute-Marne, à gauche, lors de l'assemblée générale de 2005

       Derrière sa simplicité et sa stature fragile se dévoile une grande dame et se cache un grand coeur. Geneviève Noirvache, doyenne des femmes de l’AHME, a donné beaucoup à cette association (et à d’autres aussi) en étant des années son « contrôleur aux comptes » puis sa trésorière. Elle se dit « conteuse et un peu rimailleuse » mais a permis, pendant des décennies, à des jeunes et moins jeunes, d’apprécier ces oeuvres qu’elle savait si généreusement et avec humour, faire vivre.

       Geneviève Noirvache est née à Luzarches (Val d’Oise) le 20 juin 1923. Une enfance endeuillée par la mort de son père qui va bouleverser les repères de la famille : elle raconte ce drame mais aussi le courage de sa mère, dans le livre collectif Dix Enfances d’Écrivaines en Champagne-Ardenne.

     Elle s’est mariée à Roger Noirvache et l’a suivi en Haute-Marne où il a terminé sa carrière professionnelle. À la retraite, le couple s’installe à Attancourt (près de Saint-Dizier). Roger décède en 1988. Le couple a eu la joie d’accueillir trois enfants : Jean-Marc, Claudine et Catherine.

    Geneviève s’est toujours fortement impliquée localement, notamment en donnant des cours de catéchisme et en contant dans les bibliothèques. Elle participait aussi au club des aînés d’Attancourt et à celui de scrabble de Pont-Varin.

III – Geneviève Noirvache par elle-même

      « Je crois que je me suis toujours inventé des histoires, des histoires heureuses. Petite fille, je connaissais tous les contes par cœur et j’aimais les raconter à mes amis pour les étonner. Puis il y a eu les lectures, je préférais Sophie à ses cousines, trop sages pour moi, et que dire de Bécassine et ses maladresses.
     Adulte, j’ai fait du patronage et c’est là que j’ai commencé à créer une famille. J’écrivais chaque épisode, selon mon inspiration, et que je racontais avec plein d’anecdotes pour le rendre vivant, drôle et émouvant. Les enfants aimaient.
Après le patronage, j’ai créé mon club « Fripounet ». Adieu l’imagination, on m’a reproché d’être trop moraliste, je devais me suffire de lire les histoires du journal. Comme j’avais le don de les rendre vivantes, elles plaisaient et il restait les autres activités, bricolages, chants et danses ; créer des figures me passionnait.
     À cette époque, animatrice des classes de cinquième du « cathé », expliquer la Bible n’était souvent pas de ma part très orthodoxe mais les jeunes appréciaient.

    Mari malade puis retraité : arrêt de toutes activités extérieures.
Après son décès en 1988, c’est là que j’ai commencé à versifier. J’avais tellement, tellement de choses à lui dire. Et puis j’ai continué de confier au papier tout ce que j’avais dans le cœur et dans la tête.
       Mon bain de jouvence :
     En 1989, coup de fil de la bibliothèque, c’était la mise en œuvre des « heures du conte » : est-ce que je pouvais m’en charger ? (La dame responsable était la maman d’une des petites filles qui venaient « au patro » et qui appréciaient mes belles histoires.) Je ne m’y sentais pas prête.
      Deux jours après je tombe sur un article de « l’âge d’or » de Paris qui organisait un séjour pour l’art d’apprendre à conter. Coup de téléphone, j’ai de la chance, les dix-huit places prévues étaient retenues mais il venait d’y avoir une défection. Le surlendemain me voici embarquée avec ma petite valise, comme pensionnaire pour Marly le Roy. J’avais soixante-huit ans, j’étais, de loin, la plus âgée. Accueil, ambiance formidable, beaucoup de travail, Art du conte, diction, comportement, soirée estudiantine avec jeux, musique, distractions, considérée plus comme une copine que comme une mamie. C’est là que j’ai retrouvé ma gaité naturelle un peu enfouie.

    Il a fallu inventer son conte et le dire devant spectateurs et jury. Je suis repartie avec mon diplôme de conteuse. Je suis rentrée comme conteuse bénévole à la bibliothèque jusqu’en 1999 (date de mon accident)
    Beaucoup de travail, de lecture de conteurs, d’imagination, d’écriture et de mémoire pour ne pas perdre le sens du texte et risquer de perdre le fil. Je continuais toujours de versifier.
Les aléas de la vie me rendant à nouveau disponible, j’ai proposé mes services à la maison de retraite. La bibliothèque, s’étend transformée en médiathèque, n’avait plus besoin de mes services.
     J’ai transformé mes habitudes de conteuses en « diseuses » j’inventais des devinettes, des histoires courtes, des fables expresses. Des lectures faciles, Lettres de mon moulin, fables de La Fontaine et nous terminions en chanson. La direction de l’hôpital ayant changé, je ne suis plus demandée (le bénévolat ne paie plus).

    L’écriture : Quelques concours récompensés (ceux sur la Méditerranée sont restés lettre morte) le dernier en date vous le connaissez. J’ai participé à la « construction » du livre 52 écrivains de Jean de Joinville à Jean Robinet en faisant un article sur De Gaulle.
Je versifie encore un peu pour moi-même, mais maintenant beaucoup plus pour les autres « espèces d’écrivain publique » pour une fête de famille, mariage ou décès dont souvent j’écris et je lis les accueils lorsque l’on passe par l’église. Tous ses écrits à classer, à mettre sous dossier, que mes enfants découvriront un peu émus, souvent souriants, parfois étonnés. »

IV – Hommages

       Lors de leur assemblée générale de 2014, les membres de l’AHME ont nommé Geneviève Noirvache Membre d’Honneur, du fait de sa fidélité à l’association et à la qualité de son oeuvre tout en élégance et finesse.

      Geneviève Noirvache meurt le 12 mars 2016 à quatre-vingt-douze ans. À la cérémonie funèbre en l’église de Wassy, il sera lu un poème à la vierge Marie qu’elle avait elle-même écrit pour l’occasion.

    Ci-contre : ce qu’Annie Massy, Présidente de l’AHME, a écrit et lu à son enterrement :

      « Nous voici une fois encore, Geneviève, réunis amicalement avec toi mais c’est bien la première fois que cela ne nous enchante pas.
       Geneviève, tu étais notre doyenne, celle de cette Association d’écrivains que tu aimais tant. Femme de confiance et de dévouement à la collectivité, tu en as été trésorière puis membre d’honneur. Pendant vingt-cinq ans, tu nous as fait partager ta gentillesse et ta grandeur d’âme.
     Geneviève, tu avais rejoint notre assemblée par goût des mots et de la langue française et, pour partager ce plaisir que tu y trouvais, tu étais devenue une conteuse émérite. Nous avons eu l’occasion d’apprécier ton élégante simplicité de style avec les souvenirs d’enfance que tu avais écrits et mêlés aux nôtres. Et ces mots que tu savais associer avec harmonie, tu pouvais aussi leur rendre leurs valeurs originelles. Tu étais, en effet, aimable, c’est-à-dire « digne d’être aimée » ; tu montrais de la gentillesse, autrement dit, de la noblesse, celle qui nait de la beauté de l’âme et de la richesse du cœur.
     Geneviève, tu nous quittes et il faut bien se dire au-revoir ; nous gardons l’image d’une femme adorable, courageuse et toujours positive, car tu ne montrais que le beau d’une vie marquée pourtant comme il se doit, de son lot de difficultés. Une perle ! Une perle nacrée et brillante, éclairant l’huitre rugueuse qui l’héberge : voici l’idée qui nous vient naturellement à l’esprit, en songeant à toi.
     T’avoir connue Geneviève Noirvache et avoir partagé ta chaleureuse amitié, ont été pour nous, membres de l’association haut-marnaise d’écrivains, une chance. Repose en paix désormais, quitte sereinement ce monde des vivants que tu laisses un peu plus beau, grâce aux gestes, aux mots, aux pensées tous empreints de chaleur humaine et que tu as semés. »

Au revoir Belle Dame
Un soir ou un matin
Jolie écriture, belle âme
On n’est pas là pour rien.
Iram (slam)

V – Son œuvre

      L’oeuvre de Geneviève Noirvache est essentiellement orale ; la partie écrite reste intimiste (non éditée et réservée à ses enfants après sa mort). Elle a cependant, participé aux ouvrages collectifs de l’AHME : 52 Écrivains de Jean de Joinville à Jean Robinet et Dix Enfances d’Écrivaines en Champagne-Ardenne.