SIDO Anne-Marie

      Je suis née à Joinville (Haute-Marne) en 1946. J’ai passé mon enfance et mon adolescence dans le département, et les vacances à la campagne chez mes grands-parents, le soin que mettait ma mère à nous faire connaître la nature, sont certainement à l’origine de l’amour que je voue à cette dernière. Je vis du reste toujours à la campagne, j’y marche, j’y fais mon jardin, et chaque jour, de mon bureau, je peux voir la forêt.

     Après des études de lettres modernes à l’université de Nancy, j’ai enseigné en Lorraine (le français, et un peu le latin), puis je me suis mariée et j’ai suivi mon mari en Haute-Marne ; j’y ai enseigné deux ans puis me suis mise en disponibilité pour élever mes quatre enfants. Je n’ai pas pu, ceux-ci étant devenus grands, reprendre l’enseignement, mais les activités dans lesquelles je me suis alors lancée ont été marquées par mon expérience de professeur (sans « e »). Après avoir suivi, à la Médiathèque départementale de Haute-Marne, la formation alors proposée par l’ABF (Association des Bibliothécaires de France), j’ai assumé pendant vingt ans la direction de la bibliothèque de Manois, mon village. J’y ai, durant toutes ces années, proposé de nombreuses animations et développé le réseau de lecteurs et d’auditeurs, et maintenant de spectateurs puisque nous sommes devenus médiathèque. J’ai passé le flambeau à ma collègue pour la direction de la médiathèque, mais j’y travaille toujours comme bénévole.

Peintre et musicienne

     L’autre versant de mon travail associatif est artistique : la musique d’abord, puisque je fais partie de l’Ensemble Vocal Montéclair, formation haut-marnaise spécialisée dans l’interprétation de musique baroque. Je m’occupe du blog de l’ensemble, et surtout, je prends un grand plaisir à y chanter. J’ajouterai que pour moi la littérature a des liens étroits avec la musique : la langue n’est-elle pas musique ? Tout se tient ; la petite musique que nous avons chacun au fond de nous-mêmes ne jaillit-elle pas, depuis toujours, dans les mots, le chant, l’architecture, la peinture, etc. ? En tout cas, chanter, écrire ou peindre, pour moi, c’est un peu la même chose : cela n’est pas « à côté de ma vie », il ne s’agit pas de hobbies, c’est ma vie.
   La peinture enfin, que je viens de citer, m’a toujours attirée ; j’ai appris le dessin dès l’enfance, avec ma grand-mère peintre. C’est l’aquarelle, avec son côté lumineux, fugitif et imprévisible, avec sa force aussi (non non, ce n’est pas un art de jeune fille sage) qui m’attire le plus ; je l’ai enseignée plusieurs années, m’y suis formée et la pratique toujours. Pour rendre justice à cet art méconnu, nous avons mis en place, une amie aquarelliste et moi-même, le Festival d’Aquarelle de Wassy, qui au cours de ses six éditions, de 2005 à 2019, a rassemblé de nombreux aquarellistes français et étrangers.
     L’aquarelle de voyage m’intéresse particulièrement, son histoire, depuis le XVIe s, est du reste passionnante. J’ai beaucoup pratiqué l’aquarelle au Sahara où je suis allée marcher depuis plus de trente ans (5-6000 km, je ne sais pas trop). Ces voyages, où j’écrivais toujours mon journal, sont à l’origine du Lexique amoureux du Sahara (octobre 2012), livre qui rassemble écriture et aquarelle. J’ai essayé, sous une forme thématique, d’y aborder des sujets qui m’intéressent, et touchent à la nature et à sa préservation (une cause qui m’est très chère), aux civilisations nomades et aux interrogations auxquelles elles sont confrontées : raconter mes voyages n’aurait à mon sens eu guère d’intérêt, y réfléchir et chercher ce qu’ils m’ont apporté et peuvent apporter aux autres me semblait en avoir davantage. Ces voyages m’ont également amenée à m’interroger sur le développement, la richesse et la pauvreté, et tout ce qui touche à l’organisation sociale : en un mot, ils m’ont aidée à mieux comprendre le monde qui m’entoure. Ouvrir sa fenêtre sur le monde, être confrontée à la différence permet de mieux s’appréhender soi-même et de partager avec l’autre ; sans ce partage, il n’est pas de vie heureuse possible !