À la Place Ducale

Poésie primée, d’Annie Massy

       Écrire des poèmes est un petit plaisir que je m’octroie à l’occasion. (Je me suis même amusée à faire une pièce de théâtre en vers et en prose : Bernard et l’Enfant Maquillé, sur les dernières heures du poète-parolier.)

        Pour moi, il s’agit d’un jeu sur les mots et la langue. Je ne critique pas la « poésie en prose » mais cela ne m’intéresse pas d’en faire.

       Pour octobre 2020, la ville de Charleville-Mézières a organisé un concours international de poésie. Il s’agissait d’écrire le poème que Rimbaud n’avait pas créé, à propos de la place Ducale de cette ville. Je suis arrivée 3e sur 133 concurrents ce dont je suis ravie.

       En effet, avant Brel et Dimey, Rimbaud a fait partie de ma vie. Je suis née à Charleville un siècle après lui, presque jour pour jour, et en 2002, j’ai gagné avec mes élèves de 2des pro, le 1er prix du concours académique « Sur les traces de Rimbaud » : Réponses Choisies (à lire et téléharger gratuitement sur ce site.)

         Pour revenir sur la page d’Annie Massy

     

À la Place Ducale… (sonnet acrostiche)

À la Place Ducale, un jour retournerai-je ?
Loin de mon sol natal, je pense à Charleville
Assoupie sur la Meuse, asile trop tranquille
Pour un enfant fugueur en mal de florilège.

Le rêve de Gonzague, aligné sagement
Avecque ses bourgeois, ses briques,                                           [  ses boutiques
Comme je l’ai haï et vomi de critiques
En damnant la Daromphe* et son ordre                                                             [    oppressant !

Déluge et feu d’enfer, Aden n’est pas l’Eden !
Universel errant, ma semelle est meurtrie
Comme il me serait bon de revoir  les                                               [    Ardennes !

Arrête ton tranchant, Parque d’Abyssinie !
Laisse-moi sur ma place amarrer ma galère !
Et toujours révolté, j’y hurlerai mes vers !

Marseille, à l’aube du 10 novembre 1891 (Dernières paroles audibles d’Arthur Rimbaud, recueillies par la garde de nuit de l’hôpital de la Conception)

• Daromphe : néologisme d’Arthur Rimbaud enfant, pour désigner sa mère toute puissante (formé sur « daronne », mère en argot et « triomphe ».